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Éloge de l’édition indépendante

Les Editions Aux forges de Vulcain sont au Salon du Livre de Paris, du 16 au 19 mars 2012 (pour en savoir plus). Les forges auront un stand, le J47, où vous pourrez vous procurer nos nouveautés, assister à quelques dédicaces et discuter avec les éditeurs.

Les Editions Aux forges de Vulcain seront en bonne compagnie, entourées de quelques éditeurs de l’association professionnelle L’Autre livre (pour en savoir plus). L’Autre livre est l’association des éditeurs indépendants. Elle ne réunit pas tous les éditeurs indépendants de France, ce qui serait difficile, mais une centaine d’éditeurs qui ont demandé à adhérer à cette association et répondent à certains critères professionnels (pas d’autoédition, pas d’édition à compte d’auteur).

C’est une grande chance pour les visiteurs de ce Salon, de pouvoir ainsi découvrir des textes et des livres différents de ceux qui sont largement diffusés dans les librairies et les grandes surfaces.

En quoi est-ce une chance ?

Commençons par dire quelques mots sur ce qu’est l’édition indépendante.

L’édition indépendante n’est pas la petite édition, même si l’indépendance bride souvent la croissance de ces maisons. Certaines maisons d’édition sont petites, mais n’ont rien d’indépendant : elles sont filiales d’un groupe industriel, annexes d’un parti ou d’un syndicat. Quant à la petitesse, elle n’est ni une qualité, ni un défaut : être petit ne rend pas vertueux, être grand ne rend pas vicieux. Et nombre de maisons indépendantes, si elles sont attachées à leur indépendance, le sont moins à leur petitesse.

Leu indépendance a un atout : ces maisons sont mues par leur seule logique. Et cette indépendance a un coût : ces maisons ne peuvent s’appuyer sur d’autres pans de l’économie pour traverser les mauvais moments, elles ne peuvent s’appuyer sur des moyens autres que leurs moyens propres pour exister, publier, diffuser.

Sans les condamner à la petitesse, leur indépendance impose une prudence à ces maisons qui les incite à conserver une taille raisonnable. En un sens, face aux géants écrasés parfois par leurs poids, et contraints dans leurs mouvements, les maisons indépendantes conservent une faculté de mouvement, de réaction et d’initiative rares.

En effet, la principale faiblesse des groupes tient à ce qu’ils ont l’obligation, pour fonctionner, de vendre plus. Même si cette nécessité de vendre beaucoup peut s’équilibrer entre des titres plus ou moins faciles à vendre, elle a pour principal effet de limiter ce que les grandes maisons peuvent publier. Les maisons indépendantes sont moins contraintes dans leurs choix et ont la permission d’être originales.

Cela étant, de très grands et beaux textes paraissent chaque année chez les grands groupes. L’idée n’est donc pas de soutenir la supériorité des maisons indépendantes, mais de voir que les grands groupes et les maisons indépendantes sont liés dans un écosystème complexe qui doit permettre l’éclosion et la diffusion des plus grandes œuvres de l’esprit.

Pour décrire cet écosystème complexe, il faut le penser sur le modèle d’un écosystème naturel. Le monde naturel est structuré par deux paramètres, la variation biologique et la sélection environnementale. Dans ce système, les variations biologiques les plus adaptées à l’environnement survivent.

Dans l’industrie culturelle, la sélection par l’environnement a pour principal effet d’imposer des normes, qui permettent la diversité des productions (comprenez : leur grand nombre) mais atténuent la variété des productions (comprenez : la variété qui distingue radicalement, et pas seulement en surface, deux propositions culturelles). En ce sens, l’industrialisation de la culture a un bénéfice, permettre un plus grand accès à la culture, en permettant sa meilleure diffusion, mais cette industrialisation a un revers important : elle tend à empêcher l’émergence de la nouveauté radicale. Plus on industrialise, plus on cherche à produire des œuvres qui ressembleront à ce qui a déjà été produit, dans l’espoir que cela marche.

Percevoir cette atténuation de la variété comme un écueil regrettable est une particularité de l’industrie culturelle qui a pour un nom « exception culturelle ». L’exception culturelle ne signifie nullement que telle ou telle culture serait exceptionnelle et mériterait plus d’égards que d’autres – l’exception culturelle signifie que les lois habituelles de la standardisation, qui, ailleurs, sont bénéfiques, sont destructrices pour l’industrie culturelle.

L’édition indépendante, c’est cette divergence, cette originalité, cette variation, qui permet à l’ensemble de l’industrie du livre de survivre car, de son ventre sortent les auteurs, les textes, les idées qui demain seront repris et diffusés à une plus grande échelle par les mastodontes de l’édition, quand cette originalité aura été validée et acceptée.

Dans cet écosystème complexe, les groupes permettent l’existence d’une filière et d’une économie et les éditeurs indépendants apportent l’innovation et la créativité qui irriguent ce champ de l’activité culturelle.

Au Salon du Livre 2012, les visiteurs auront la possibilité de rencontrer ceux qui font aujourd’hui les livres de demain.

Ils pourront rencontrer, s’ils vont au devant des nombreux éditeurs indépendants :

  • des éditeurs qui ont lu les textes qu’ils publient et peuvent les défendre en personne ;
  • des éditeurs qui ont publié chacun de leurs textes car ils voulaient les publier et non parce qu’ils devaient le faire ;
  • des textes d’auteurs qui, demain, seront les législateurs de notre imaginaire collectif ;

Longue et belle vie à l’édition indépendante !

David M.