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Episodes 150 à 154 du « Journal d’un copiste » de François Szabowski

Suite de la publication en feuilleton du « Journal d’un copiste » de François Szabowski, dont les 180 premiers épisodes ont été édités par les Editions Aux forges de Vulcain sous le titre de « Les femmes n’aiment pas les hommes qui boivent ».

[Chaque lundi, retrouvez cinq nouveaux épisodes du Journal d’un copiste de François Szabowski, dont les 180 premiers épisodes sont rassemblés dans Les femmes n’aiment pas les hommes qui boivent, disponible ici.]

150. Les infirmes sont des loups pour l’homme

L’ascension des escaliers à la suite du déjeuner avec l’éditeur s’est révélée plus difficile que prévu et a nécessité plusieurs étapes. Les efforts que j’ai déployés ont malheureusement attiré l’attention d’une grande partie des locataires, et, au cours d’une des nombreuses pauses que j’ai été obligé de m’accorder, j’ai été réveillé par la propriétaire, qui avait disait-elle entendu du grabuge et se demandait ce qui se passait. Elle semblait inquiète de me trouver affalé sur les marches, elle parlait fort en articulant bien et je l’ai priée de m’excuser en lui disant que je n’avais rien de cassé et que ce n’était qu’une soudain baisse de tension. J’ai voulu me remettre en route mais elle m’a regardé avec stupeur en m’entendant parler, je me suis souvenu d’un seul coup et je lui ai expliqué que mon problème de mutisme s’était grandement amélioré, j’avais suivi des soins en Suisse au pied des montagnes et le résultat avait été fulgurant. Le traitement malheureusement était très fort et occasionnait de fréquents vertiges, la crise m’avait saisi au retour de ma promenade et je lui ai demandé si elle voulait bien m’aider à gravir les quelques marches qui me séparaient de la porte de notre appartement. Elle a fait de son mieux pour me hisser par les bras tandis que je prenais appui sur les marches au moyen du manche à balai, mais à l’arrivée sur le palier nous avons perdu l’équilibre, et tandis qu’elle percutait la cloison je me suis retrouvé le nez fiché au creux de son opulente poitrine molle. Elle était confuse mais je me suis excusé pour ma maladresse, et je lui ai passé instinctivement la main sur la joue pour la rassurer. Elle semblait émue et respirait fort, mais je souriais car j’étais heureux d’être parvenu à bon port et elle s’est mise à sourire elle aussi. Nous avons passé quelques instants ensemble sur le palier à reprendre notre souffle, elle m’a demandé pourquoi j’avais avec moi ce manche à balai et je lui ai expliqué qu’indépendamment de la maladie qui affectait mes cordes vocales, j’avais également des problèmes de genou dûs à une sur-musculation des cuisses qui provoquait une distorsion des articulations, communément appelée « varum », qui nécessitait pour le corps une source d’appui d’appoint. Elle a ouvert grand les yeux en hochant la tête et m’a dit que cela l’intéressait beaucoup et que si je voulais, peut-être, elle pourrait m’offrir une tasse de thé chez elle et me parler de son arthrite mais je lui ai répondu que je ne voulais pas abuser de la gentillesse d’une belle femme, qu’il était tard, et, surtout, que je ressentais un besoin urgent de m’allonger. Elle m’a proposé de m’accompagner au moins jusqu’à mon lit car je ne lui paraissais pas encore très stable, et de fait c’est vrai que j’avais passé toute la conversation la main autour de ses épaules tandis que je m’arc-boutais de l’autre sur le manche à balai, mais j’ai frémi soudain en pensant au chat Roger et je lui ai dit que je me débrouillerais très bien tout seul. Je lui ai accordé un baise-main gracieux en prenant congé, elle m’a souri, les yeux luisants, et j’ai fermé précipitamment la porte derrière moi. Roger heureusement n’était pas dans l’entrée et la propriétaire n’y avait vu que du feu, je me suis traîné jusqu’au lit où je me suis effondré aussitôt dans un sommeil profond, heureux de trouver enfin un peu de repos après toutes ces épreuves.

151. Une société saine est une société qui a su régler une bonne fois pour toutes la question des oisifs et des assistés

Je me suis réveillé tôt ce matin, mais mes quinze heures de sommeil ininterrompu m’avaient remis d’aplomb et j’ai pu me remettre au travail dès le départ de Clémence. Je continue à lire avec avidité, allongé, assis, debout, sous la douche et au-dessus des marmites, reproduisant le livre à la main le travail d’ouvrier à la chaîne que j’exerçai souvent, au gré des petits métiers, pendant mes années de jeunesse. J’ai un peu mis de côté l’écriture de nouvelles et utilise davantage la lecture comme un moyen d’accroître mes connaissances en matière de culture. Je prends de nombreuses notes sur un grand cahier, recopiant de longs passages pour me familiariser avec les techniques langagières des différents auteurs, et je compulse aussi activement le dictionnaire Larousse, à partir duquel j’établis des notices biographiques détaillées sur les auteurs : dates et lieux de naissance et de mort, pays d’appartenance, langue étrangère utilisée, nom des principales œuvres, prix reçus, etc. C’est un travail fastidieux mais nécessaire, auquel je m’adonne avec joie, et sans m’accorder la moindre pause. J’étais en train de réciter la notice d’André Gide que je venais d’apprendre par cœur quand j’ai été interrompu en début d’après-midi par un coup de sonnette strident qui a fait sursauter le chat Roger. Nous nous sommes regardés, effrayés, et j’ai aussitôt éteint les lumières, avant de m’approcher à pas de loup du judas, la tête du chat Roger enfouie sous mon aisselle. C’était bien évidemment la propriétaire, apprêtée d’une fort jolie robe, et je retenais mon souffle tout en l’observant à travers l’œilleton, séparés l’un de l’autre par la seule porte blindée. Elle avait un air décidé tout autant que timide, et j’ai dû reculer plusieurs fois, pris par surprise, quand elle a collé à son tour son œil au judas, puis posé son oreille contre la porte pour épier les bruits de l’appartement. Elle a fini, déçue, par remonter les escaliers, et j’ai hoché la tête d’un air soucieux car il y a là indéniablement une source de danger. J’ai continué à travailler d’arrache-pied et j’étais en train d’épeler Soljenitsyne quand Clémence est rentrée du travail, plus tard que prévu, et surtout dans un état d’ébriété avancé. Je l’ai regardée avec grand étonnement, tandis qu’elle se tenait, essoufflée, au buffet de l’entrée pour délacer ses souliers, et elle m’a dit qu’elle était allée boire un verre avec quelques collègues. Le travail était dur en ce moment et cela lui faisait du bien de décompresser. Elle souriait, les yeux dans le vague, décoiffée, et le contraste avec ma mine fraîche, fringante, m’a fait réaliser à quel point certains êtres doivent lutter contre leur nature pour se mettre au travail, quand d’autres, au contraire, usinent toute la journée avec la légèreté d’un oiseau qui sifflote sur sa branche ; Clémence – quoi qu’elle en dise – reste par nature une femme lascive, et encline au farniente. Tout cela m’a irrité et j’ai prétexté une petite pointe dans le dos pour aller m’allonger. Elle n’était vraisemblablement pas en état de faire la cuisine et, tout en titubant vers le téléphone, m’a proposé avec entrain de faire livrer des nems. J’ai soulevé la tête de la couette et jeté un œil vers l’entrée, puis je me suis replongé dans le lit, me contentant d’un grognement en guise d’assentiment.

152. Le vrai chrétien doit savoir donner, mais aussi recevoir sans compter

Le travail de lecture avance si bien que je suis presque parvenu à bout de la liste de Jules, et je suis sorti aujourd’hui en fin de matinée pour essayer de le trouver afin qu’il renouvelle mon stock. Il n’était pas au café de la dernière fois, je ne l’ai pas non plus trouvé au square, il n’était pas joignable au téléphone et j’ai écumé en vain tous les bars du quartier jusqu’à une heure avancée de l’après-midi. J’ai dû retourner l’âme en peine à l’appartement, et j’ai sursauté dans les escaliers en tombant nez à nez avec la propriétaire. Elle était descendue chercher son courrier et était ravie de me voir – elle était venue hier frapper à ma porte mais personne n’avait répondu. Je lui ai dit en riant que c’était parce que j’étais un peu dur d’oreille, et qu’à vrai dire quand je travaillais je me plongeais tellement à l’intérieur de moi-même que j’étais comme qui dirait étanche au monde extérieur. Elle m’a demandé ce que je faisais, et je lui ai dit que j’étais écrivain. Elle a haussé les sourcils et s’est montrée très intéressée, elle lisait beaucoup elle-même et elle a ajouté, rougissante, qu’elle était très fière de compter un homme de lettres parmi ses locataires. J’ai souri avec modestie puis j’ai pris une mine désolée quand elle m’a proposé, à nouveau, de venir boire le thé chez elle – j’avais du travail et la journée était déjà bien avancée –, mais quand j’ai voulu reprendre mon ascension elle m’a mis la main sur le bras et a pris une voix suppliante pour essayer de me convaincre. J’ai voulu passer outre, mais elle s’était mise en travers de ma route en me regardant avec insistance, ne me laissant pas d’autre choix : j’ai poussé un cri et je me suis effondré dans les escaliers, terrassé par une soudaine crise de tétanie. Je gisais tordu sur les marches et je respirais avec peine, j’ai réussi à articuler entre deux râles que je souffrais de contractures musculaires chroniques et qu’il fallait absolument que je monte chez moi prendre mes médicaments et que je me repose, mais elle a ouvert aussitôt, les mains tremblantes, la petite boîte montée en pendentif qui se lovait au creux de sa poitrine et, d’autorité, m’a fiché sous la langue une pilule qui en quelques secondes m’a considérablement alangui. Je ne sentais plus mes jambes, mon cerveau était loin à l’intérieur de mon corps et la propriétaire m’expliquait en me traînant jusqu’à son appartement que c’était une pilule antidouleur qu’elle utilisait pour les crises de son mari, que cela me ferait du bien et qu’après une petite tasse de thé je serais complètement remis d’aplomb. J’ai passé plus d’une heure dans un état cotonneux, avachi dans un fauteuil olive, face à la table du salon où la propriétaire avait pris place parmi théières, napperons et petits fours, elle avait ajouté une lampée de calva à mon breuvage et c’est vrai que je me sentais mieux. Elle m’a dit qu’elle s’appelait Rose et qu’elle était très contente de discuter un peu avec moi, son mari était toujours fourré je ne sais où dans les cafés et elle m’a avoué qu’elle se sentait souvent un peu seule. La vie n’était pas facile et elle m’a détaillé par ailleurs, bilans de santé et radios à l’appui, les différents ennuis de santé dont l’âge et les soucis l’avaient accablée ces dernières années. Je lui ai répondu, la bouche pâteuse, qu’elle avait du courage, et que ça ne devait pas être facile de vivre au quotidien avec un alcoolique désœuvré qui délaissait le foyer. Elle m’a dit en riant qu’elle aurait préféré vivre avec un écrivain, quelqu’un qui passait ses journées à la maison et ne partait pas sans cesse par monts et par vaux. Elle m’a resservi un peu de calva et je lui ai dit que si le métier d’écrivain était un métier noble, c’était aussi un métier très ingrat car les revenus étaient très faibles, et ma sœur Clémence qui plus est était hostile aux métiers d’art, et me faisait durement payer mon absence de revenus par d’éprouvantes tâches de ménage, brimades et autres privations. De fait, j’avais faim, et, si j’avais un toit, on pouvait dire pour le reste que je manquais de tout. La propriétaire a été littéralement horrifiée par mon récit et m’a dit que c’était une honte de traiter son frère d’une telle façon, et que, de plus – elle se permettait de me l’avouer – Clémence lui avait menti et avait prétendu que nous étions mariés et que j’étais un bibliothécaire en disponibilité qui allait reprendre son poste. J’ai secoué la tête d’un air accablé et la propriétaire était très émue. Je lui ai dit que j’étais très heureux d’avoir passé ces quelques moments en sa compagnie, mais que, hélas, ma sœur allait bientôt rentrer et que si je n’étais pas là à son retour elle allait à nouveau me battre. La propriétaire a blêmi et, en dépit de mes nombreuses protestations, m’a forcé à emporter le restant de tarte en me conjurant de trouver un endroit où le cacher pour que je puisse me nourrir, et en me disant qu’il fallait que je vienne la voir à n’importe quel moment si j’avais faim. Elle a voulu me donner en supplément un billet de 20 euros, j’ai refusé en arguant que c’était beaucoup trop, mais j’avais les mains prises par la tarte et je n’ai rien pu faire quand elle a glissé le billet dans la poche arrière de mon pantalon. J’étais confus et je bafouillais, mais elle m’a poussé dehors en agitant les mains et m’a dit de me dépêcher de rentrer – elle ne voulait pas que j’aie des ennuis à cause d’elle, et elle m’a fait un petit signe de la main, émue, avant de refermer la porte.

153. Un vieillard qui meurt, c’est un compte en banque qui brûle

Bien qu’estomaqué encore par l’aventure, je suis assez admiratif de la bravoure avec laquelle j’ai géré la séquestration dont j’ai été victime hier de la part de la propriétaire. Il est indéniable, décidément, que j’ai tout au fond de moi une âme de guerrier. Il faut aussi – et c’est mon cas – avoir le sens du sacrifice, car il est bien évident que c’est pour protéger le chat Roger que j’ai consenti tous ces efforts, et à chaque fois hier que je revenais en pensée vers Roger, cet animal démuni, physiquement débile et intellectuellement limité, qui passe ses journées tapi dans la terreur, je sentais monter en moi de nouvelles forces qui m’aidaient à supporter mon sort. Je ne faisais pas tout cela en vain. Il faut cependant rester honnête, et admettre que cette propriétaire, décrite par d’aucuns comme un monstre, est en réalité une très jolie femme, de caractère agréable, dont le cœur est un organe encore chaud, qui bat, sensible au monde extérieur et aux fluctuations de son âme. Les années sont certes passées par là et c’est un fait qu’elle a maintenant très certainement dépassé les soixante ans, mais ceux qui souffrent ont beaucoup à donner, et il est évident que la propriétaire connaît de grands tourments et de grandes frustrations, sous la forme de son mari ingambe et volage qui renâcle à rester aux côtés d’une femme flétrie, physiquement avachie, mais gonflée d’amour à revendre et qui a tout simplement besoin d’un peu d’affection. Nous vivons dans un monde tellement cynique, tellement froid, insensible, où sont portées aux nues l’égoïsme, le mensonge, la fourberie, qu’il est criminel à mon sens de ne pas tendre des bras charitables à ceux d’entre nous qui, acculés par la solitude et le désespoir, au crépuscule d’une vie consacrée à l’épargne, montrent le désir – fût-ce par pitié, fût-ce par ennui ! – de se montrer généreux et de donner, dans la mesure de leurs moyens, un petit coup de pouce aux jeunes générations, dont le sang bouillonne de forces vives et de grands projets, mais qui, par manque de ressources, végètent le plus souvent dans l’antichambre de la gloire en gaspillant leur énergie à s’extirper au quotidien des conditions de précarité et de misère latente dans lesquelles le destin cruel leur a fait voir le jour.

154. Les extra-terrestres sont nuls

J’ai commencé À la Recherche du temps perdu ce matin en faisant le ménage, et je l’ai terminé en fin d’après-midi au rayon légumes, pendant que je faisais les courses. C’est un livre remarquable à bien des égards, et si j’ai noté dans la préface que l’auteur avait préféré modifier les noms réels, j’admire cependant le remarquable souci d’authenticité de ce long récit, qui s’attache à retracer aussi bien les événements vécus par l’auteur que les pensées qui l’ont traversé – et ce refus de mentir et d’inventer, qui est pour moi la condition sine qua non d’une littérature saine. Je m’apprêtais, les poireaux à la main, à préparer une soupe tout en commençant Voyage au bout de la nuit, qui semble-t-il suit à peu près la même ligne que la Recherche du temps perdu, puisque l’auteur y évoque ses voyages en Afrique, quand Clémence est revenue du travail, un peu tard à nouveau, et de belle humeur puisque je l’ai trouvée dans le vestibule en train de brailler une chanson crétine parlant de l’amour en été. Elle était de fait ivre morte, et, se jetant dans mes bras, m’a demandé soudain si je n’avais pas envie d’aller au cinéma avec elle – nous n’y étions jamais allés tous les deux et, à vrai dire, a-t-elle ajouté en jetant un regard circulaire dans l’appartement, elle n’avait pas envie de rester enfermée ce soir. Elle avait envie de sortir. J’ai protesté, le poireau à la main, mais Clémence avait le regard fou et ne tenait pas en place, et je me suis dit qu’une séance de cinéma était peut-être encore le moyen le plus efficace de canaliser son ébriété, qui menaçait à tout moment de déborder. La salle, contrairement à ce que m’avait annoncé Clémence, était minuscule, les allées étroites rendaient difficile le maniement de mon balai et qui plus est la lumière était trop faible et m’empêchait de lire. J’étais bloqué, et j’ai donc dû subir une histoire inepte à base de poulpes géants extra-terrestres ayant envahi les montagnes du Mexique, tout cela n’avait aucun sens et n’était que mensonges – les animaux étant manifestement contrefaits –, aussi au bout d’une demi-heure j’ai laissé échapper un petit râle et j’ai soufflé dans l’oreille de Clémence à moitié endormie que je sentais arriver la crise de tétanie et qu’il valait mieux que j’attende dehors. La sortie dans le noir d’une rangée étroite de sièges bondés un manche à balai à la main est toujours source de difficultés, mais les cris de protestation ont totalement cessé dès ma sortie derrière l’écran, et j’ai poussé un soupir de soulagement en arrivant dans le hall. Les salles sont certes petites, mais le complexe est très bien organisé, puisqu’une buvette se trouvait juste en face de la salle et je me suis installé au comptoir pour attendre Clémence. J’ai dû boire quatre ou cinq verres le temps que le film se termine, j’ai scruté avec inquiétude la foule qui quittait la salle, mais Clémence n’est sortie que bien après les autres, l’œil gonflé et la marque du fauteuil imprimée sur la joue. Elle a pris un verre elle aussi, et nous avons bu en silence. Elle avait du mal à se réveiller et passait lentement la paume de sa main sur ses yeux entre chaque gorgée, et son regard quand elle buvait se perdait dans le vague. Son verre était vide, elle a vu l’heure à l’horloge au-dessus du comptoir et elle a fermé les yeux en soupirant, puis elle m’a demandé si ça ne me dérangeait pas qu’on en reprenne un autre. J’ai haussé les épaules, et elle a fait signe au serveur en lui montrant deux doigts.

A SUIVRE…